Journal de bord
De Port-aux-Basques
à Ramea Islands (carte)

6 Août 1992 :
      Ecole laborieuse ce matin puis courses car c’est la dernière grande ville avant bien longtemps.
      A 11h, nous larguons les amarres pour aller à l’Ile-aux-Morts. Il y a beaucoup de houle ; Damien et moi sommes barbouillés.
L’entrée est étroite et magnifique. Nous mouillons dans la petite crique où nous découvrons Athénése au mouillage
   
      Après le déjeuner, nous nous promenons sur une des îles et ramassons des bleuets. Le sol et la végétation nous rappellent Petit-de-Grat et y voyons la sarracénie pourpre, fleur emblème de Terre-Neuve.

      Après le dîner, nous passons la soirée à bord d’Athénése. Nous sommes en admiration devant les deux enfants (4 ans et 2 ans et demi) par leur sagesse et leur maturité. Lawrence, la maman, est enceinte de sept mois.

7 Août 1992 :
      Après le déjeuner, je boulange pendant qu’Alain range et prépare le bateau pour le départ. Au moment de partir, je m’aperçois que le sondeur ne fonctionne plus. Jusqu’à midi, nous essayons en vain de le réparer. Désormais, nous nous servirons de notre ancienne bonne vieille ligne à plomb.
      Après le déjeuner, nous partons pour Harbour Le Cou ; Bon petit vent et mer calme ; nous marchons à 6 nœuds.
      A l’arrivée, pendant qu’Alain prépare la chaîne et l’ancre, le moteur s’arrête. Nous accostons donc à la voile le quai brise-lame. Essai du moteur qui démarre tout de suite. Peut-être une saleté ?
      Dîner puis ballade dans le village.


8 Août 1992 :
      Nous sommes réveillés par : « il y a quelqu’un là-dedans ??? » C’est un groupe de six français avec un bébé en voyage au Canada. L’un d’eux est même constructeur amateur d’un Albion et connaissait l’As de carreau. Nous les invitons à prendre le petit déjeuner à bord.
      Vers 11h, nous décidons de nous rendre à la petite crique The Baraway pour y voir une cascade. Après quelques mètres le moteur s’arrête de nouveau dés que j’accélère. Nous continuons sous foc seul et mouillons dans quinze mètres d’eau.
      Dés la vérification du mouillage terminé, nous nous penchons sur le circuit d’alimentation du moteur et découvrons que la vanne d’arrivée d’¼ de tour est presque fermée. Un objet a dû pousser progressivement la poignée lors des mouvements du bateau.
      Petit casse-croûte. Puis, en annexe, nous allons à la cascade.

      Tandis que l’équipage cherche des moules, j’essaie de me frayer un chemin le long de la cascade mais je suis bientôt arrêté à cause de la végétation. Avant de repartir, nous remplissons une jerrycan d’eau pour une douche et une lessive. Après une visite à Lobbster Cove, nous rentrons au bateau.
      Tandis que la lessive bout, chacun prend une douche dans le cockpit.
      Puis nous allons rincer le linge à la cascade où nous nous faisons dévorer par les mouches noires.

      Au retour, grâce à des moules pour boëtter, je réussis à pêcher trois petites morues.

9 Août 1992 :
      La matinée est consacrée à la fabrication de pain, au séchage du linge, rangement et nettoyage du bateau.
      Après le déjeuner, nous partons au moteur pour Little Garia Bay car le vent est très très léger. Il fait un temps superbe et l’entrée de Little Garia est majestueuse.
      Aussitôt arrivés, nous mettons les lignes à l’eau : deux belles plies, quatre « moruettes » et moult sculpins. Les moustiques sont aussi au rendez-vous.

10 Août 1992 :
      Levés de bonne heure et départ. La météo nous annonce des vents de SW 10/15 fraîchissant mais nous rencontrons des vents d’E de 0 à 5n. Donc moteur pendant six heures pour effectuer trente milles jusqu’ à Connaire Bay. Mouillage dans cinq mètres d’eau.
      Mais des pêcheurs, amarrés dans une petite crique du fjord, viennent nous chercher un peu plus tard car ils prévoient un coup de vent de SW. Nous voici tenu à trois bateaux de pêche retenus par une toile d’araignées d’amarres fixées à terre. Au fond de la crique bien isolée coule un ruisseau.
      Les pêcheurs sont là pour une semaine afin de pêcher leur réserve de morues pour l’hiver. En soirée, ils nous apportent morues, truites saumonées, bières et boisson gazeuse.

11 Août 1992 :

      Brouillard, pluie, brouillard. Pas de vent. Travail scolaire laborieux.
      Après nous être régalés de truites saumonées, nous descendons à terre pour une ballade et remplir les jerrycans au ruisseau. Mamie complète son herbier. Nous apercevons nos premiers bleuets et des traces d’orignaux. Cette crique nous enchante.
      Vers 16h, un bateau américain mouille au milieu du fjord ; nous allons leur dire bonjour.
      Au retour, un des pêcheurs nous offre une grosse morue.


12 Août 1992 :
      Toujours le mauvais temps. Dans l’après-midi, l’un des pêcheurs s’en va et nous devons nous réamarrer.
Alain finit la première cagnière ou cagnard ; le résultat n’est pas mal. Je tricote, les enfants jouent et mamie lit.
      Nous passons la soirée à bord du dernier bateau de pêche restant. Les quatre terre-neuviens nous parlent avec enthousiasme de la vie dans leur province. J’ai vraiment envie dans faire le tour l’année prochaine pour mieux la découvrir.
      La pluie a cessé avec l’apparition du soleil et la température baisse.

13 Août 1992 :
      Levés de bonne heure, nous préparons le bateau et, dès 9h, nous partons pour Ramea Islands. Le vent est fort car canalisé entre les hauteurs du fjord. A la sortie, nous filons à sept nœuds ; Malheureusement, tout le monde est malade. Les enfants vont se coucher, mamie vomit, Alain et moi sommes guère vaillants.
      Après Burgeo, le vent forcit nous obligeant à prendre un ris d’abord puis d’affaler la grand-voile sans perdre de vitesse. A 15h, nous sommes amarrés au quai de l’usine fermée de Ship Cove sur Ramea Islands.
      Nous goûtons puis nous promenons dans le village. Là aussi, les maisons sont toujours aussi coquettes et bien entretenues. Les entrées sont protégées par de lourds panneaux en bois et les terrains tout petits sont délimités par des barrières.
      En début de soirée, deux autres bateaux arrivent : un américain naviguant seul et un couple de canadiens.

14 Août 1992 :
      Visibilité nulle, le brouillard est bien installé.
      Brigitte commence du courrier tandis que les enfants révisent. Profitant du quai, je trace les lettres sur le deuxième cagnard et les peint.

      L'après-midi, tournée d'eau puis ballade vers le phare. Mamie est restée au bateau continuant à lire depuis ce matin.
      Ensuite nous avons la visite de Renée et Duncan de St John's, constructeurs amateurs de leur voilier. Bob, l'américain, s'est joint à nous.
      Après le dîner, les enfants couchés, nous nous retrouvons à bord de “On the Way
” de Bob pour continuer à échanger des informations. Il nous donne aussi un document nautique concernant une route maritime parallèle au Mississipi.


A suivre ...