Journal de bord
de St Denis d'Oléron à Cudillero (Espagne)




28 avril 1991 :

      Matinée bien remplie : après une dernière douche, ce sont les derniers rangements.
      En début d'après-midi, la famille Robert arrive. Tout le monde est heureux et triste à la fois ... Aurélie pleure car elle perd ses copines.
      Mr Robert échange son pantalon avec moi car il veut qu'une chose lui appartenant traverse l'Atlantique.








      15h, après avoir hissé la grand-voile, Stéphane nous largue les amarres. Sterne III se déhale tout doucement vers la sortie du port.
      Une très grande émotion nous étreint car nous laissons derrière nous plein de gens que nous aimons. Mais il faut vivre pour soi, la vie est trop courte !!!
      A la sortie du port, nous hissons le génois; le rythme se prend tout doucement grâce à un vent de N-NW 5/10 n.
      Vers 19h, nous perdons la terre de vue. Le phare de Chassiron est la dernière vue que nous emportons de la France.

      A partir de 21h, les quarts s'installent. Comme d'habitude, je prends le premier quart; Brigitte me relaiera dans trois heures et ainsi de suite jusqu'à 8h le lendemain matin. Pendant toute la traversée, il en sera ainsi.
      Le vent faiblit progressivement.

29 avril 1991 :
      Nous avons été encalminés une partie de la nuit.
      Au lever du jour, Nous virons de bord toujours sous grand-voile et génois car le vent se lève progressivement d' W-SW, la mer devenant peu agitée. Au bulletin de 7h, la météo d'Arcachon nous annonce que les vents devraient virer au N. Tant mieux.
      Toute la journée nous sommes entourés de pêcheurs. Les enfants jouent dans leur cabine.
       Vers 18h, nous virons de nouveau de bord car les vents sont maintenant W-NW en se renforçant à 15 n. Par précaution, je prends un ris dans la grand-voile avant de commencer mon quart. Je reviens nauséeux.

30 avril 1991 :
      Au cours de la nuit, le vent monte progressivement. Les vagues modérées prennent une forme plus nettement allongée.
      Au lever du jour, je remplace le génois par le foc 1 et prends un deuxième ris dans la grand-voile. Ces manoeuvrent déclenchent définitivement mon mal de mer.
      En fin d'après-midi, j'affale la grand-voile rendant le bateau plus confortable.
      Toute la journée, à l'abri de la timonerie, nous veillons à tour de rôle tandis que les enfants, nauséeux, restent couchés. Quelques embruns arrosent le pont.
      Avant la tombée de la nuit, j'installe le foc 2 car le vent d'W-NW atteint maintenant 30/35 n. . Je reviens vomissant de la bile.

1er Mai 1991 :
      Le lever du jour nous laisse voir une mer tumultueuse. L'écume blanche des lames déferlantes est soufflée en traînées s'orientant dans le lit du vent.
      Dans la matinée, le vent vire au NE et ne commence à faiblir à 20 n. qu'en début de nuit.
      Brigitte a assuré le maximum de quart car je suis complètement HS ne pouvant rien garder dans l'estomac.
Aussi nous décidons en milieu de journée de faire une escale en Espagne afin que l'équipage se refasse une santé.

2 Mai 1991 :
      Le vent faiblit au fil des heures pour tomber complètement en milieu de matinée. Par contre, la mer reste encore houleuse.
      Vers 18h, en nous présentant devant le ria d'Avilès, un cordage entre deux eaux bloque l'arbre d'hélice. Nous mouillons à l'entrée du ria et, malgré l'eau glaciale, je reste un long moment pour réussir à couper le filin.
      A quai, en voulant relever la dérive principale, nous constatons qu'elle est cassée. Elle a dû se briser juste avant l'entrée dans le ria.
      Après un rapide dîner, tout l'équipage s'effondre pour une nuit bienvenue.

3 Mai 1991 :
      Le réveil est matinale donc dur car La guardia civile vient effectuer les papiers d'entrée.
      Après le petit déjeuner et le rangement du bateau, nous partons en ville pour la banque, l'office du tourisme et téléphoner à la famille.

      Nous admirons de magnifiques façades en bois.

      L'après-midi, nous trouvons un chantier qui accepte de nous fabriquer une dérive en acier. Elle sera livrée demain vers 10h. J'espère que mes explications avec mon baragouinage espagnol auront été bien comprises.

4 Mai 1991 :
      Comme convenue, la dérive est livrée à l'heure. Nous faisons connaissance avec les pêcheurs qui nous entourent. Quelle gentillesse!
      C'est la journée lessive et, bien sûr, il pleut à torrent depuis.

5 Mai 1991 :
      Il faut modifier le point de relevage de la dérive et recouper un angle afin qu'elle puisse pivoter sans contrainte. Un pêcheur m'emmène donc chez lui à Luanco. Malheureusement, je ne comprends pas la discussion animée de ces voisins. ils paraissent sceptiques au sujet de la solidité de la dérive (renforts insuffisants?).

      L'après-midi, Brigitte emmène les enfants en promenade. Ils découvrent un parc de jeux. C'est la fête !!!


6 Mai 1991 :
      Malgré la pluie, j'arrive à peindre la dérive sous un des auvents des hangars.
      En commençant les travaux de matelotage, jai trouvé la cause de la rupture de la dérive. C'est le bout de relevage qui s'est coupé au point de ragage avec l'anneau de relevage. J'ai dû oublier de remettre la cosse lors des modifications à Cherbourg.
      Nous effectuons des courses dans les “supermercados” repérés la veille. Brigitte achète aussi un canevas pour Damien.
      Soirée à jouer aux petits chevaux.

7 Mai 1991 :
      Entre deux grains, nous réussissons à mettre la dérive en place. L'eau du port est franchement dégueulasse car les égouts de la ville s'y déversent. Aussi une toilette générale n'est pas du luxe car j'ai des démangeaisons aux avant-bras.

8 Mai 1991 :
      “ Il a plu, il pleut, il pleuvra. ” Telle doit être la devise d'Avilès.
      Mais celà n'empêche nullement les enfants de jouer à nouveau au parc de jeux. Nous en profitons pour acheter les produits frais en vue du départ. Nous expédions aussi du courrier à mamie Menu.

9 Mai 1991 :
      Nous allons à la cale des pêcheurs pour y faire un plein d'eau douce. Puis c'est le départ vers 11h.
      Les pare-battages et les ammarres sont rangés dans des sacs poubelles car ils sont couverts de goudron. Nous les nettoierons plus tard.
      Il n'y a pas beaucoup de vent mais la houle est présente. Aurélie vomit dans son lit et le reste de l'équipage ne vaut guère mieux.
      A 17h, nous décidons de passer la nuit à Cudillero, joli petit port de pêche dont le village est accroché au flanc d'une falaise.
      Nous y rencontrons un constructeur amateur espagnol. Dans un charabia mi-espagnol mi-anglais, il nous raconte la construction de son catamaran malgré d'immenses difficultés d'approvisionnement.


A suivre ...